Mot du président - Yaoundé 2017

 Excellence, Mesdames et Messieurs,

Africa Poésie est un festival avec pour objectifs majeurs d’éveiller davantage les consciences africaines, de stimuler l’envie et la quête du travail bien fait, de nourrir l’excellence afin de donner l’occasion à l’Afrique de rêver, d’animer la toison du débat, question d’apporter une orientation nouvelle à la pensée dans un esprit d’ouverture.

Quand nous lancions ce projet l’année dernière à Abidjan, personne ne vendait cher notre peau. Nous étions persuadés, plus que jamais aujourd’hui, que l’aventure serait longue et périlleuse. Nous savions qu’aucun recul n’était possible, face à d’innombrables obstacles et divers écueils, convaincus que quelque soit la durée de la nuit, le jour finit toujours par poindre.

A dessin, cette volonté inébranlable qui découle de la flamme de vie, des étincelles que nous avons vu cette année jaillir des regards vifs de ces jeunes enfants, qui ont participé avec brio aux ateliers de Monsieur Gérard Essomba. Ils nous ont donné le prétexte d’un sourire. Je caresse encore avec beaucoup de délicatesse ces magnifiques photographies, témoins de l’histoire, qui resteront à jamais consignées dans les archives de la Société des poètes et artistes du Cameroun(SPAC).

Ces enfants nous ont donné foi en l’avenir et nous ont rappelés à mi parcours du chemin, fatigués, que l’objectif poindra bientôt. Et de ce point de vue, l’obsession à la lumière par l’éducation, l’instruction sera encore notre cheval de bataille. C’est pourquoi nous voulons davantage pouvoir compter sur nous-mêmes, c'est-à-dire la communauté culturelle, afin de créer une synergie des forces, d’efforts et d’actions.

La pauvreté en aucun lieu n’est une fatalité, c’est un état d’esprit. Il faut désormais en prendre conscience maintenant, aujourd’hui et pas demain en frappant de petits coups, qui en réalité sont des grands coups, des petits pas mesurés. La SPAC a commencé à rompre le silence, coupable d’une génération éhontée, résignée, d’une Afrique paralysée, neutralisée.

Nous avons commencé effectivement par de simples gestes ; bousculer les consciences ; reboiser nos forêts ; écrire les grandes vertus de l’homme dans nos langues puis en définir les grandes théories… Bref, toutes ces choses toutes petites qui caracolent au sommet, alors même que nous balbutions encore ; ressusciter des grandes figures de notre histoire et pour reprendre Martin Luther King : " Si vous ne pouvez pas voler, courez. Si vous ne pouvez pars courir, marcher. Si vous ne pouvez pas marcher, rampez. Quoique vous fassiez vous devez avancer."

 

Excellence Mesdames et Messieurs,

Nous pouvons nous poser la question de savoir si la littérature et particulièrement la poésie,   a véritablement un rôle à jouer dans l’émergence de nos pays.

Pour un pays comme le Cameroun, elle occupe une place de choix grâce à des personnes qui se sont battues pour lui restituer ses lettres de noblesse. Nous nous inscrivons dans ce processus. Le parcours est encore long pour arriver au point, que l’on souhaiterait bon, pour la cité. Je voudrais ici vous faire remarquer en passant que l’actuel ministre des Arts et de la Culture du Cameroun, le Pr Narcisse Mouelle Kombi, à qui nous avons d’ailleurs soumis le projet Africa Poésie Yaoundé 2017 pour le parrainage et l’appui dudit évènement, en plus d’être enseignant de droit public et des sciences politiques(Juriste), est Poète.

Il est l’auteur de plusieurs ouvrages scientifiques et recueils poétiques parmi lesquels Traduit de l’évènementiel(1986). Nous pensons que c’est un signal fort du politique et un clin d’œil à l’endroit des poètes et poétesses pour leur rôle dans le développement socio-économique durable de nos pays.

Il me souvient encore, que l’espace socioculturel au lendemain des indépendances au Cameroun, était animé par les poètes rentrés fraichement de l’étranger. Une fluorescence de titre pavoisait ainsi les Une des journaux pour des lecteurs qui s’en délectaient. C’est ce même regain de souffle au lendemain des années 1990 que j’ai noté avec la libéralisation des associations et de la vie politique. En réalité, il ne se passe pas une semaine sans qu’on ne parle des rencontres, des débats ; parmi ces différentes associations thématiques. Des écoles même, sont nées avec des courants de pensées, des méthodes d’écriture pour susciter la réflexion. Cette question me permet de sortir sur une proposition. Il est temps de créer en Afrique un véritable réservoir d’idée, qui permettrait d’envisager les problèmes à court, à moyen et à long terme.

C’est indéniable, la littérature a un rôle de premier choix à jouer dans l’émergence de nos pays, car tout commence par l’idée. Nous devons l’intégrer absolument dans notre processus de développement, l’objectif étant de changer réellement nos comportements. C’est par la culture que l’on développe un pays, et la France, les Etats-Unis, la Chine aujourd’hui l’ont compris. En France, c’est grâce à la pléiade par exemple que la langue française menacée de disparition a échappé à sa mort. On ne parle de ce pays qu’en référence à ses grands auteurs qui ont développé de très grands courants littéraires. Le creuset de cette réussite n’est plus ni moins que la force de la littérature dans tous les domaines socioculturels, économiques, politiques. La littérature est la seule plate forme d’expression où toutes les sensibilités peuvent se retrouver et converger ensemble.

Victor Hugo assignant au poète une fonction édificatrice dit dans Les rayons et les ombres (1840)

« Peuple ! Ecoutez le poète !

Ecoutez le rêveur sacré ! Dans votre nuit, sans lui complète,

Lui seul, a le front éclairé »

Le rêveur par extraordinaire dont il fait allusion ici n’est pas un rêveur comme les autres, c’est un rêveur sacré !

 

Excellence Mesdames et Messieurs,

Nous pouvons prendre des exemples tout autour de nous. J’ai essayé d’en relever d’ailleurs un certain nombre en parlant de la révolution culturelle chinoise, de la révolution française qui de mon point de vue sont des révolutions réussies. Je ne connais pas un seul pays au monde ayant décidé de s’appuyer sur sa culture et d’en faire un outil de développement qui ait échoué. Il faut donc un travail sur l’homme qui passe par une reconquête, une réappropriation des mentalités. Le développement est d’abord moral. Il faut pouvoir s’accepter tel qu’on est, c’est l’identité. Cela ne veut pas dire que l’on rejette l’autre au contraire ; l’autre doit pouvoir justement vous enrichir sans vous aliéner. C’est le premier combat qui a été celui de Cheikh Anta Diop, celui de nos origines, de réfuter tout complexe.

L’éducation à ce niveau est fondamentale et l’instruction pour comprendre les enjeux indispensable. Nos dirigeants doivent comprendre que leurs intérêts passent surtout par la culture d’un peuple éduqué, bien instruit.

C’est le seul gage véritable d’équilibre à tous les niveaux. Nous devons donc continuer à entreprendre des actions constructives, mettre en exergue les possibilités et les limites nécessaires au développement.

Enfin ! Qu’il me soit permis de remercier au nom de la SPAC, pour nous en féliciter Madame Catherine Lefebvre pour son soutien sans faille. C’est notre déléguée France de la SPAC.

Ces poétesses et poètes qui ont fait le déplacement à Yaoundé. Je pense à Jeanne Louise Djanga qui est arrivée hier, Pascal Ronzon qui est là depuis avant-hier et Léonce Kamano depuis lundi.

Je voudrais dire merci au comité d’organisation du festival Africa Poésie Yaoundé 2017 pour avoir tenu, malgré tant de soubresauts.

Je voudrais faire un clin d’œil aux auteurs locaux qui ont participé ou brillé, par leur absence au salon des auteurs en matinée.

A vous, qui êtes restés si tard et venus nombreux !                                                                

Je vous invite à assister demain à la conférence qui aura lieu ici même sur le thème :

 «  La poésie comme vecteur de paix et de développement » et à bien d’autres activités dont le vernissage et la remise des récompenses aux lauréats Africa Poésie 2017, qui aura lieu au Centre Culturel Camerounais.

Excellence Mesdames et Messieurs,

Je vous remercie de votre aimable attention et vivement l’édition prochaine dont le pays sera connu bientôt.

Que vive la littérature

Que vive l’écrit

Que vive l’art.                                                                                     

Daouda MBOUOBOUO

Président de la Société des poètes et Artistes du Cameroun (SPAC)

Président d’Africa Poésie

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Le 25.05.2017  Lors de la cérémonie d'ouverture