Résultats Concours Africa Poésie 2019

Bonjour à toutes et à tous !

Pour cette quatrième édition de notre concours, le choix n’a pas du tout été facile.

Après lecture attentive et examen des textes, le jury s’est prononcé sur des poèmes qui tranchent par rapport aux autres et présentent une certaine originalité aussi bien thématique que formelle, ce sont les suivants :

 

1er  prix :   Lettre à Lumumba de  MOUANDA MOUSSOKI Tristell  (Congo Brazzaville)

2ème prix :  Et puis viendra l’hiver de  KHAIRAT  Nada  (Maroc)

3ème  prix :  J’ai pris le bon mot de  AWOUAFACK Daquin Cédric (Cameroun)

4ème  prix : Regret noir de  ALCEUS Claude-Bernard Elio (Haïti)

 

Composition du Jury :

Président :

M. Daouda Mbouobouo

Président de la Société des Poètes et Artistes du Cameroun (SPAC) ; Président fondateur Africa Poésie ; Ecrivain –Poète ; juriste ; Vice PCA de la Société Civile des droits de la Littérature et des Arts Dramatiques (SOCILADRA), membre de la Commission nationale chargée du suivi et de l'évaluation de la mise en oeuvre de la politique nationale du livre, du manuel scolaire et autres matériels didactiques.

Membres :

Pr Chantal Bonono

Doctorat/PhD ès Lettres ; Professeur Université de Yaoundé I/ Ecole Normale Supérieure de Yaoundé ; Poétesse et Romancière.

Mme Arlette Chaumorcel

Poète Cofondatrice de la Maison de la Poésie des Hauts-de-France, elle participe à la rédaction de la revue de l'Estracelle et anime aussi des ateliers d'écriture poétique. Responsable des Editions de l’Epinette. Officier des Palmes Académiques (2017)

Dr Ndongo Mbaye

Docteur es-lettres, sociologue et journaliste ; Professeur Associé Universités et Grandes Ecoles (Dakar) ; Poète-écrivain ; Directeur de Département ICPR à Yène ; Responsable de la Collection « Paroles Arc en Ciel » aux Editions «  Lettres de Renaissances ».

 

Félicitations aux lauréats ! Et merci à tous les participants au concours

Nous vous disons à très vite.

Bien poétiquement

Le Jury et le Comité d'organisation

 

Bel article le 21/03/2019 sur l'Adiac Congo :

http://www.adiac-congo.com/content/africa-poesie-2019-le-congolais-cristell-mouanda-moussoki-decroche-le-meilleur-prix-97258

Deuxième article le 24/03/2019 sur Radyo tele idantitew Haïti :

http://www.radyoteleidantitew.com/culture-3?fbclid=IwAR1JV7_mPbtZVJGmiqFOEesTdRukxKtZZC5ZxLSnozAP01ekuuNv3nz-AJ8

 

    POEMES LAUREATS POUR LE CONCOURS AFRICA POESIE 2019

 

        1er prix  Lettre à Lumumba

 

  J’ai vu sur les collines d’Afrique des hommes s’éclater en particules de larmes

  J’ai vu la nuit saigner au Sud Kivu comme de l’eau qui gicle dans les moissons de la tempête

  Je suis convoqué à feuilleter l’histoire pour déshabiller le silence du jour

  Lumumba ! La neige est noire depuis les profondeurs du fleuve 

  Lumumba ! La mort parle à mon peuple nuit et jour dans un continent où la politique somnole

  Il me faut voler comme une colombe pour éteindre les flammes de la guerre

  Ô peuple ! Je porterai tes peines jusqu’à Babylone…

  Ô peuple ! J’écrirai sur la carte du monde l’étincelle du mot souffrance

  Ô peuple ! Je mûrirai le soleil depuis volcan des indépendances

  Ô peuple ! Mon chant n’a plus sommeil à l’aube des rêves brisés

  Parfois je vois sur ma tête des sacs en dune des maux

  J’appartiens aux masques qui parleront demain, à l’heure où les mots sont dépeuplés de feu

  J’appartiens à l’altérité luminaire qui prophétise la grogne des peuples

  Qu’on ne brûle pas l’histoire comme on brûle une bougie

  Partir, ce n’est pas revenir sur les mêmes incantations

  Partir, c’est franchir le sommet de la pyramide

  Je suis le chiffre trois de l’humanité

  Recherchez-moi dans la triangulation de la parole cosmique le surgissement de l’avenir

  Recherchez-moi dans les écumes catalysées du vent, paix…

  Car la paix est blessée en République Démocratique du Congo

  Pour ce pays, Priez.

 

  MOUANDA MOUSSOKI Tristell   (Congo Brazzaville)

 

2ème prix  Et puis viendra l’hiver

 

Et puis viendra l'hiver
Dénuder l'univers
Sifflant dans les buissons
Quelques airs et frissons

Et puis viendra l'hiver
Paisible et sévère
Remuer mon cœur sombre
Réveiller les ombres...
... du passé, endormies

Le vent de loin gémit
Et brûle tous mes doigts
La pluie écrase les toits
Et mon cœur chavire
Pour chaque souvenir

Oh hiver ! Tu m'enivres
Quand j'aperçois tes givres
Couvrant les paysages 
L'âme et les feuillages

Tes fraîcheurs se mêlent
A la ruée des grêles
Et mon cœur s'ennuie
Loin des gouttes de pluie !

Hiver, saison élue
Par un cœur abattu
Pleurant sous tes brumes
Toutes amertumes

Hiver funeste et dur
Hiver sombre et obscur
Le cœur te désire
Mais l'âme veut te fuir

Tu pénètres les creux
Des souvenirs affreux
Brisant les silences
Des réminiscences

Oh hiver, comme j'aime !
Tes longues nuits blêmes
Le goût de nos larmes
Coulant sans vacarme

Hiver, tu te mêles
A mon corps rebelle
Et tu violes mon cœur
Sans honte, sans pudeur

Et puis viendra l'hiver
Tourner ma vie à l'envers
Attiser mes douleurs
Et inciter mes pleurs

Et puis viendra l'hiver
Voltigeant dans les airs
Forcer les fenêtres
Fermées et ouvertes

Hiver très mystérieux
Tu combles tous les cieux
Tu nous charmes les cœurs
Bien qu'imbu de malheurs...

Car en ta présence
Nos oreilles dansent
Sur ton rythme mou et sourd
D'un chant triste d'amour

Et puis viendra l'hiver
Imbu de misère
Frôler ma mémoire
Et briser mes espoirs

Mais je vais l'attendre
Seule dans ma chambre
Car lui seul peint mon cœur
De multiples couleurs !

 

        KHAIRAT  Nada  (Maroc)

 

3ème prix  J’ai pris le bon mot

 

J’ai pris le bon mot

Mes proverbes

Et mon souffle probe

Pour rechercher le fin du fin

J’ai pris l’essor du génie

Sur le sentier de l’existence

J’ai marché

De l’Antiquité à l’Androïde

Fiévreux de m’entacher

Mais heureux d’entichements

Et je continue des pas d’espérance

J’ai pris le bon mot

Le mot d’ordre d’héritier

Et mes éphémérides

J’ai pris mes pages de souvenirs

Mon face-à-main

Et mon sixième sens

Pour deviner un itinéraire

Dans le labyrinthe de l’univers

J’écoutais le chantonnement des notes libertés

Dans les rythmes polyphoniques

Des temps anciens

Je rêvais l’harmonie des temps nouveaux

Dans les rythmes homophoniques

Des rhapsodies nouvelles

J’ai pris le bon mot

Trois goûts par sept syllabes

Amer, piquant et astringent

Je l’ai ruminé dans mes nuits de recueillement

Je l’ai mâché dans les graines de nigelle

Contre la toux et les grippes

Je l’ai bu dans des potions de panax

Contre les fièvres

J’ai pris ce mot multiple d’une parole d’ange

Je l’ai chanté dans les motets de délivrance

Et de bénédiction les jours sacro-saints 

Je l’ai récité dans les notes de kora avec les griots 

On se confiait au soleil de la postérité

On se noyait dans l’Amour pour ressusciter en Paix

J’ai pris le bon mot

Et mes images de rêve

Sur un espoir scintillant comme la fleur de l’immortelle

Dans un jardin d’horizon

Où les ondes de l’amour éclairent les bouquets de roses

Le jardin d’épices dont le parfum sent l’Afrique

 

                 AWOUAFACK Daquin Cédric (Cameroun)

 

4ème  prix  Regret noir

 

Je suis cet Africain…

Emporté et ballotté par les flots

Loin des îles sous le vent

Egaré sur la terre d’Haïti

Issu peut-être de la Namibie

De l’Angola, du Sénégal

De la Guinée ou de la Zambie

Je suis cet Africain…

Qui laisse couler ses lourdes larmes

Entre les vers, parmi les strophes

Pour irriguer l’humanité de son message

Je suis cet Africain…

Qui, étant sur la terre sacrée de la liberté

Développe une étonnante affinité

À ma terre d’origine tant aimée

Je suis cet Africain…

Au cœur déchiré de regrets morbides

Survenus en absence de mes frères du Togo

Et de mes ancêtres vivant au Congo

Je suis cet Africain…

Qui, dans les profondeurs de la solitude

Cultive les champs fertiles des béatitudes

Cachées sous le regard voilé du Nil

Je suis cet Africain…

Qui marie des syllabes symphoniques

À des pensées obsédées et stigmatisées

Pour chanter au rythme de la sonorité épique

La méchanceté de ceux qui me détachent

Des seins de ma terre d’origine

Pour m’exposer aux griffes cruelles

Des lions aux cheveux lisses

Je suis cet Africain…

Vivant sur une terre étrangère

Dont les rêves se promènent

Sur le sommet du Kilimandjaro

Et qui a les sentiments attachés

Aux fantasmes sanglants et désastreux

Vécus avec la femme Africaine

Franchement !

Je sens un déplaisir qui vit au fond de moi

Mon âme nourrit un sentiment de regret

D’avoir vécu trop de cauchemars hors de sa véritable patrie !

 

ALCEUS Claude-Bernard Elio (Haïti)

 

 

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